Alpes-Guide : Comment est venue l'idée d'organiser
un rassemblement à l'Argentière la Bessée
?
Gérard Pailheret : L'idée est venue
de Robert Balestra et Guy Cavarec, 2 CRS du secours en montagne
de Briançon, et de moi-même.
Vers la fin des années 1980, début 1990, durant
un hiver sans trop de neige, les deux CRS découvrent
les cascades de glace du Fournel.
A cette époque, chaque année une tradition
voulait que les grimpeurs de cascades de différents
secteurs s'invitent mutuellement. Gavarnie puis l'Italie
accueillèrent les pratiquants mais ces rassemblements
restaient confidentiels.
Quand on a vu le potentiel de notre secteur, on s'est dit
que nous pouvions organiser quelque chose. On a griffonné
sur le bord d'une nappe un petit budget et on est allé
voir le Maire de l'Argentière, Joël Giraud,
qui a été séduit par l'idée.
Nous voulions organiser un rassemblement dans la tradition
mais ouvert à tout le monde. Dès le 1er rassemblement
en 1991 nous nous sommes retrouvés 70 à 80
grimpeurs. La Mairie voulant pérenniser l'événement,
j'ai repris le flambeau de l'organisation avec la commune
de l'Argentière la Bessée.
Au fil des années le rassemblement est monté
en puissance avec des hauts et des bas dus aux conditions
climatiques.
AG
: Quelle est la particularité de ce rassemblement
?
GP : Le rassemblement est devenu aujourd'hui la Mecque
de la cascade de glace parce que nous avons le plus beau
site de cascades en Europe et parce que nous avons essayé
de créer une ambiance autour qui fait que les grimpeurs,
une fois par an, se retrouvent aussi pour revoir les copains
et savoir ce qu'ils ont fait tout le long de l'année.
Il y a 3 ans nous avons fait rentrer la cérémonie
du Piolet d'Or sur l'événement.
AG
: Quelle a été la nouveauté cette
année ?
GP : Cette année la nouveauté a été
la création du village Ice Expo avec 10 partenaires.
Les exposants présentent et prêtent gratuitement
du matériel (piolets, crampons
) et bénéficient
ainsi du plus gros banc d'essais auprès du public.
AG
: Combien de participants cette année ?
GP : C'est toujours très dur à quantifier
pour la bonne raison qu'il y a ceux qui passent par l'organisation
et puis ceux qui se débrouillent tout seuls. Nous
avons eu plus de 350 inscrits mais par expérience
on peut presque doubler le nombre de participants.
AG
: Quel âge, quelles nationalités ?
GP : Entre 25 et 30 avec même des israéliens,
coréens, japonais, grecs, argentins du sud (Ushuaia)
AG
: Tes projets pour les prochaines éditions ?
GP : J'aimerais ajouter une 3ème dimension
au rassemblement, avec la compétition, en organisant
une coupe du monde. J'ai toujours la crainte de casser cette
ambiance amicale en amenant une note compétitive
mais je pense que cette compétition pourrait être
un spectacle très fort dans l'Argentière pouvant
aussi être une solution aux problèmes d'ouverture
du vallon du Fournel (avalanches
).
AG
: Satisfait de cette XIIème édition ?
GP : Oui parce que nous n'avons pas eu de gros pépins.
La météo a été superbe. Moins
de stress aussi parce que cette année nous n'avons
pas eu de paramètres d'avalanches à gérer
(c'est la grosse épée de Damoclès que
nous avons au-dessus de la tête) et puis aussi content
parce que les grimpeurs sont contents, tout simplement.
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