Alpes-Guide
: Qui es-tu ?
Christian Taillefer : Je suis un fana de sport en
plein air et surtout de Mountain Bike. J'ai découvert
cette discipline en 1987 après avoir fait 6 ans de
BMX. C'est ce qui m'a permis d'évoluer en pleine
nature et de pouvoir faire pendant plus de 15 ans mon sport
favori qui est le Mountain Bike en compétition, au
début en cross-country et après en descente.
AG
: Ton palmarès ?
CT : 12 ans de compétitions : 6 titres de
champion de France, 1 titre de champion d'Europe, 1 médaille
de bronze aux championnats du monde, 6 fois dans les 6 premiers
au classement général de la Coupe du Monde,
vainqueur d'une Coupe du Monde aux Gets en 1998, records
de vitesse sur neige à Vars (1994, 1995, 1996, 1998)
en se tirant la bourre avec Eric Barone. Record personnel
sur la piste KL de Vars à 212 km/h (Eric à
un record sur la piste des Arcs à 222 km/h).
AG
: Qu'est-ce qu'on ressent sur un vélo à
212 km/h, sur la neige ?
CT : Ca va très vite !!!
Ce n'était pas mon premier coup d'essai. On y a travaillé
longtemps auparavant avec un 1er record en 1994 à
147 km/h. 80% de la réussite est psychologique. Nous
avons également beaucoup travaillé avec la
station de Vars qui préparait la piste. Dans ce genre
de tentative la qualité de la piste est primordiale.
La piste doit être un billard béton armé.
Comparé aux skieurs (KL) qui ont besoin d'une neige
relativement tendre, à la limite de la transformation
en eau, nous, il nous faut une neige de printemps béton.
Il faut également du beau temps et pas de vent. Ce
qui est dur c'est de se lever à 4H du matin, mettre
la combinaison, les ailerons, monter dans le froid à
-15° en sachant que deux heures après on va faire
des Runs à 200 km/h. La journée se termine
à 9H du matin juste avant que le soleil commence
à transformer la neige.
AG
: Combien d'années de pratique pour arriver à
ton niveau ?
CT : Le vélo, j'ai ça dans la peau
!
Depuis l'âge de 11 ans j'ai toujours voulu faire ça.
J'ai privilégié le vélo au détriment
de mes études mais je ne le regrette pas. Je suis
passé professionnel à 17 ans. Je ne faisais
que ça, je voyageais partout sur toutes les Coupes
du Monde
J'ai énormément appris sur
la vie et sur ce qu'on était sur cette petite planète.
Quand on est tout seul, il faut se débrouiller
et ça forge le caractère. Après dans
la vie, on est rompu à toutes épreuves et
quoi qu'il arrive on est presque un peu invincible.
AG
: Ta discipline de prédilection c'est donc la
descente ?
CT : J'ai toujours eu la passion pour la vitesse,
les sensations, le fun et ce qui impressionne. J'aime bien
aussi le cross-country, c'est pour moi le coté plus
décontract et plaisir.
Comme les saisons de courses sur terre finissaient relativement
tôt (fin septembre) et commençaient tard (avril,
mai), j'ai inventé les courses de records de vitesse
sur neige pour ne pas s'embêter à la maison
et pour toujours garder le pied à l'étrier
en essayant de trouver de nouvelles sensations.
C'était aussi pour moi un vecteur d'image pour communiquer
sur le VTT et moi-même, coureur.
AG
: Tes sponsors ?
CT : J'ai attaché beaucoup d'importance à
ne pas avoir 50 000 sponsors pour créer une crédibilité
auprès de ceux qui me soutenaient.
J'ai eu Scramble Line au tout début de ma carrière
de 1987 à 1992, une marque qui n'existe plus et après
je suis passé chez Peugeot Cycles pendant 5 ans de
1993 à 1998. J'avais aussi des petits partenaires
extra sportif qui me permettaient de réaliser ce
que je voulais faire.
AG
: Ta plus belle émotion d'athlète ?
CT : Elles sont très nombreuses en 15 ans
de compétition. Il y a plein de petits trucs qui
sont sympa. Les 212 km/h, c'est une grosse réussite
parce c'est une épreuve qui est très difficile
psychologiquement. Il y a énormément de moyens
investis dans la réalisation de l'événement
et le tout tient à pas grand chose
Quand tous
les facteurs sont réunis et que le record est tombé,
la joie est là. Ca reste un moment vraiment important
pour moi.
Ma victoire en Coupe du Monde aux Gets en 1998, où
personne ne m'attendait est aussi quelque chose de fabuleux.
AG
: Tes spots de pratique favoris ?
CT : J'ai promené dans beaucoup de pays sans
avoir assez de temps, entre 2 courses, pour rouler.
Sans être chauvin, le Colorado Provençal dans
le Luberon est un spot qui est au top pour le VTT. La polyvalence
des terrains, de la découverte est vraiment fabuleuse.
J'ai toujours un petit coin de nostalgie pour l'Australie,
Hawaï, des lieux mythiques.
AG : As-tu beaucoup roulé dans les Hautes-Alpes
?
CT : J'ai énormément roulé dans
les Hautes-Alpes car je suis natif d'Aspres-les-Corps, aux
Vachers exactement. Toute ma jeunesse je l'ai passée
la bas. Je suis souvent dans le coin surtout sur Vars où
on a eu de grosses relations amicales avec les dirigeants
de la station pendant pas mal d'années. On a fait
beaucoup de choses ensemble notamment les records de vitesse,
les Coupes du Monde
AG : Comment vois-tu l'évolution de la compétition
VTT dans les années futures ?
CT : Je dirais que la belle histoire est un peu terminée.
Le VTT a connu l'apothéose de 1992 à 1996.
C'était l'euphorie, on découvrait le vélo
découverte, rando, écolo. Toutes les sociétés
qui fabriquaient des composants liés au Mountain
Bike ont investit beaucoup d'argent dans le milieu. Tout
ceci s'est stabilisé dans les années 1997,
1998 pour redescendre rapidement. Il y a eu de grosses restructuration
dans les grosses sociétés comme GT, Peugeot
donc beaucoup moins d'argent pour la compétition.
La fédération et nous, les coureurs, n'avons
pas su accrocher les médias qui intéressaient
les partenaires.
A l'heure actuelle le Mountain Bike est descendu relativement
bas en compétition à cause du manque de partenaires.
Il reste un circuit international, national. Tout ça
est en place mais avec moins d'engouement médiatique
qu'auparavant.
Le VTT reste le sport de découverte, rando, loisirs
nature avec des participations très importantes aux
courses de masses.
AG
: Tes projets ?
CT : Ils sont nombreux malheureusement ! A chaque
fois je me dis il faut que tu te calmes un peu. J'en ai
marre de toujours me lancer dans des défis, des nouvelles
aventures. Souvent elles réussissent, des fois ça
réussit un peu moins bien.
J'ai toujours eu la passion pour concevoir et mettre au
point les vélos alors j'ai monté ma marque
de vélo qui s'appelle Taillefer Bicycle.
En ce moment mon gros projet c'est donc de pouvoir mener
ma marque de vélo a un niveau convenable. Pouvoir
faire ça plein pot dans tous les pays où je
souhaite le faire. Ca part énormément bien
et ça avance vite !! Et si ça se passe bien
je referai un record de vitesse dans les 3 ans qui arrivent.
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Pour en savoir plus, le site des cycles Taillefer...
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